Karim Debbache est auteur pour le Joueur du grenier, qui vaut le détour, mais ce n’est pas cet aspect de son travail que je veux vous présenter ici. En son nom propre, Karim Debbache, avec l’aide de ses compères Gilles Stella et Jérémy Morvan, réalise des chroniques vidéos sur le cinéma. Ce travail a débuté sur Jeuxvideo.com avec la série Crossed. Dans cette série, il présente des films ayant un lien avec les jeux vidéos. Désormais, il réalise la série Chroma – pour chronique cinéma, ce qui fait aussi allusion au grec χρῶμα (khrôma), signifiant couleur –, qui est la suite de la précédente, à la différence qu’elle ne se limite pas aux seuls films ayant un lien avec les jeux vidéos. Ces deux séries sont disponibles sur sa page Dailymotion.
Ces chroniques présentent plusieurs intérêts. Tout d’abord, elles sont à chaque fois l’occasion de proposer un point de vue original. Plus important, les trois compères ont de vraies connaissances théoriques et pratiques du cinéma, tant dans ses aspects techniques que culturels et esthétiques. Au cours de leurs chroniques, ils présentent de manière pédagogique certaines de ces connaissances, permettant aux spectateurs de se constituer l’air de rien une culture cinématographique construite sur une théorie solide. Enfin, les chroniques sont particulièrement rythmées et remplies d’humour, ce qui les rends distrayantes et jamais rébarbatives.
Bien entendu, il existe quelques défauts. Principalement, il est chaque fois fait un résumé assez complet du film chroniqué. Le premier problème que cela pose, c’est que pour éviter de révéler la fin du film à ceux qui ne l’auraient pas vu, on est régulièrement invité, si donc on ne l’a pas vu, à sauter une partie de la chronique. Cela a certes donné des gags particulièrement amusants, comme le Twist des twists, mais on en arrive au paradoxe d’une partie de la vidéo qui ne s’adresse pas aux personnes qui devraient être celles qui y trouveraient le plus d’intérêt, puisque ceux qui ont déjà vu le film n’ont pas besoin qu’on leur en raconte la fin… Par ailleurs, cela a tendance à pousser à ne consulter les chroniques qu’après avoir vu les films, alors qu’elles donnent des pistes et des clefs dont il peut être intéressant de disposer au moment du visionnage. De plus, le résumé occupe une part importante des chroniques au détriment de la partie analyse (surtout dans Crossed), qui en constitue cependant l’intérêt principal. Bien entendu, il est souvent difficile de pouvoir présenter son analyse sans donner quelques détails de l’intrigue, mais il est rare de devoir dérouler l’intégralité de l’histoire pour pouvoir en donner une analyse pertinente.
Que cette petite limite ne vous trompe pas : les chroniques de Karim Debbache constituent vraiment le haut du panier dans ce qui peut exister en la matière, tant dans l’intérêt du fond, que du soin apporté à la forme. Elles constituent, à part pour le rythme, une de mes références pour ma série Vu du grenier – dont la qualité est, il faut le reconnaitre, en tout cas pour l’instant inférieure. Je vous recommande donc vivement de vous y intéresser.