Chloroquine et éthique

Image au microscope électronique du SARS-CoV-2
Image au microscope électronique du SARS-CoV-2, le virus à l’origine de la maladie Covid-19 – image réalisée par le Niaid sous contrat Creative Common Attribution 2.0 Generic via Wikimedia Commons.

L’article que vous lisez en ce moment est un complément de mon article précédent concernant la pandémie de Covid-19 et la chloroquine. Je vous conseille de le lire d’abord, afin de vous donner une idée de ce que dit la littérature scientifique concernant l’action de la chloroquine sur la Covid-19 en date du 7 avril 2020. Cependant, cet article n’abordait pas la question de l’éthique et n’avait pas non plus épuisé la question de savoir si la situation d’urgence justifie de ne pas suivre la méthodologie habituelle.

En effet, on peut voir régulièrement cette objection : « certes, il n’est pas établi que l’hydroxychloroquine puisse véritablement servir de traitement à la Covid-19, mais en définitive, sa posologie est bien connue, on ne court sans doute pas un grand risque à l’administrer aux patients ». Par ailleurs, d’aucuns tendent à penser que les cliniciens se soucieraient trop de méthodologie, alors que la situation devrait enjoindre de s’arranger avec les formes. Ces deux questions sont liées. Pour y répondre, il faut à la fois se pencher sur l’expérience collective et également évaluer tout ce que l’on ne sait pas.

Une version en PDF à imprimer de cet article est disponible. Une version audio (avec une voix un peu robotique) est également disponible.

Une suspicion inquiétante

Le 25 mars 2020, une étude présentant le cas de 416 patients atteints de Covid-19 a été publiée1Shaobo Shi, Mu Qin, Bo Shen, Yuli Cain, Tao Liu, Fan Yang, Wei Gong, Xu Liu, Jinjun Liang, Qinyan Zhao, He Huang, Bo Yang et Congxin Huang, 2020. « Association of cardiac injury with mortality in hospitalized patients with COVID-19 in Wuhan, China », JAMA Cardiology. Texte en anglais. DOI : 10.1001/jamacardio.2020.0950. Parmi ces patients, 19,7 % ont présenté des troubles cardiaques. Il n’est pas surprenant que des patients en détresse respiratoire, une des complications de la Covid-19, présentent des troubles cardiaques. Cependant, l’étude fait état d’une suspicion que ces problèmes cardiaques soient non pas une conséquence de cette détresse respiratoire, mais directement dus à l’action du virus. Une autre compilation d’analyse de cas de Covid-19 va également dans le sens de cette suspicion2Elissa Driggin, Mahesh V. Madhavan, Behnood Bikdeli, Taylor Chuich, Justin Laracy, Giuseppe Bondi-Zoccai, Tyler S. Brown, Caroline Der Nigoghossian, David A. Zidar, Jennifer Haythe, Daniel Brodie, Joshua A. Beckman, Ajay J. Kirtane, Gregg W. Stone, Harlan M. Krumholz et Sahil A. Parikh, 2020. « Cardiovascular considerations for patients, health care workers, and health systems during the coronavirus disease 2019 (COVID-19) pandemic », Journal of th American College of Cardiology. Texte en anglais. DOI : 10.1016/j.jacc.2020.03.031.

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Notes

Notes
1 Shaobo Shi, Mu Qin, Bo Shen, Yuli Cain, Tao Liu, Fan Yang, Wei Gong, Xu Liu, Jinjun Liang, Qinyan Zhao, He Huang, Bo Yang et Congxin Huang, 2020. « Association of cardiac injury with mortality in hospitalized patients with COVID-19 in Wuhan, China », JAMA Cardiology. Texte en anglais. DOI : 10.1001/jamacardio.2020.0950
2 Elissa Driggin, Mahesh V. Madhavan, Behnood Bikdeli, Taylor Chuich, Justin Laracy, Giuseppe Bondi-Zoccai, Tyler S. Brown, Caroline Der Nigoghossian, David A. Zidar, Jennifer Haythe, Daniel Brodie, Joshua A. Beckman, Ajay J. Kirtane, Gregg W. Stone, Harlan M. Krumholz et Sahil A. Parikh, 2020. « Cardiovascular considerations for patients, health care workers, and health systems during the coronavirus disease 2019 (COVID-19) pandemic », Journal of th American College of Cardiology. Texte en anglais. DOI : 10.1016/j.jacc.2020.03.031

Un Point sur la chloroquine

Image au microscope électronique du SARS-CoV-2
Image au microscope électronique du SARS-CoV-2, le virus à l’origine de la maladie Covid-19 – image réalisée par le Niaid sous contrat Creative Common Attribution 2.0 Generic via Wikimedia Commons.

Cet article est rédigé dans un contexte un peu particulier, pour tout dire assez dramatique : après un premier malade déclaré le 17 novembre 20191Josephine Ma, 13 mars 2020. « Coronavirus: China’s first confirmed Covid-19 case traced back to November 17 », South China Morning Post. Texte en anglais. Disponible en ligne., une pandémie2Organisation mondiale de la santé (OMS), 11 mars 2020. Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors ‎du point presse sur la COVID-19, OMS. Disponible en ligne. de Covid-19 s’est répandue à travers le Monde, provoquant notamment le confinement de la population française à partir du 17 mars 2020 à 12 h. Ces lignes sont rédigées en France, dans ce contexte de confinement. Par ailleurs, la gravité de la pandémie a conduit un regroupement de médiateurs scientifiques à se coordonner pour lancer le 14 mars 2020 à 18 h un message de prévention auquel je me suis associé.

Avant le confinement, le 25 février 2020, l’IHU Méditerranée-infection a diffusé une vidéo déclarant qu’une molécule dérivée de la quinine, la chloroquine, constitue un traitement efficace contre la Covid-19 :

Didier Raoult, 2020. « Coronavirus : vers une sortie de crise ? », IHU Méditerranée-infection.

Ceci a été le point de départ d’une importante médiatisation de la chloroquine et d’un autre dérivé de la quinine, l’hydroxychloroquine. Cette médiatisation étant extrêmement problématique, j’aimerais vous donner quelques indications plus claires. Cet article va surtout être l’occasion de vous renvoyer vers des sources fiables, parce que l’on voit beaucoup d’avis – qui n’ont, pour être franc, pas d’intérêt – et trop peu de faits. Pourtant, ces faits existent. Cet article ne sera donc pas un article d’opinion, mais ne s’intéressera qu’aux faits.

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Notes

Notes
1 Josephine Ma, 13 mars 2020. « Coronavirus: China’s first confirmed Covid-19 case traced back to November 17 », South China Morning Post. Texte en anglais. Disponible en ligne.
2 Organisation mondiale de la santé (OMS), 11 mars 2020. Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors ‎du point presse sur la COVID-19, OMS. Disponible en ligne.

Coronavirus : Chaque JOUR compte

Vidéo collective de vulgarisateurs et médiateurs scientifiques pour la prévention contre le Covid-19

Cette vidéo appelle tout spectateur à redoubler de prudence et de précautions sanitaires et épistémiques vis-à-vis du coronavirus. Elle a été produite par un ensemble de vulgarisateurs scientifiques, généralement pas expert en épidémiologie, mais qui font confiance aux communiqués de l’Organisation Mondiale de la Santé à ce sujet.

Une description détaillée de la vidéo est fournie ci-dessous : https://docs.google.com/document/d/1x-euHB-V72ipNttBj1KP6O_aEBGK0qKafqphMRBZK1I/edit?usp=sharing

Ci-dessous, vous trouverez les principales sources que nous vous recommandons.

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Copernic a-t-il réellement fait la révolution (scientifique) ?

Nicolas Copernic
Portrait de Nicolas Copernic, exposé au musée de Toruń – image du domaine public, via Wikimedia Commons.

Dans ce journal comme ailleurs, vous avez sans doute déjà rencontré l’expression « révolution copernicienne ». Elle met en avant le fait que Nicolas Copernic (1473 – 1543) a provoqué un changement de perspective majeur en montrant qu’il était plus pertinent de considérer que c’est bien la Terre qui tourne autour du Soleil plutôt que l’inverse. À ce premier bouleversement font écho les travaux de Galilée (1564 – 1642), lesquels – justement en se basant, entre autre, sur ceux de Copernic – ont définitivement montré que le système de Claude Ptolémée (vers 90 après J.-C. – vers 168) publié dans l’Almageste1Κλαύδιος Πτολεμαῖος, vers 150 après J.-C. Μαθηματική σύνταξις. Texte en grec ancien. Une traduction en français par Nicolas Halma : Claude Ptolémée, 1813 et 1816. Composition mathématique, deux volumes, J. Hermann, Paris. Les deux tomes en édition bilingue français et grec ancien sont disponibles en ligne. – selon lequel, en accord avec la physique aristotélicienne, la Terre était immobile au centre du Monde – était erroné.

De ceci, j’ai déjà parlé, vu d’ici. Comme je l’ai déjà indiqué, tous les deux ont été précédés par les travaux de Nicole Oresme (vers 1320 ou 1322 – 1382) et Galilée s’est également appuyé sur ceux de Johannes Kepler (1571 – 1630), entre autres. J’ai donc sciemment utilisé cette même expression de « révolution copernicienne » ou encore « révolution épistémologique ». Avec l’objectif de poser la question que je vous propose d’aborder dans cet article : cette expression est largement répandue, fort bien. Cependant, est-il vraiment pertinent de parler de révolution ? Le but étant également de vous inviter, ô ! estimés lecteurs, à faire un examen critique de ce que je peux écrire ici.

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Notes

Notes
1 Κλαύδιος Πτολεμαῖος, vers 150 après J.-C. Μαθηματική σύνταξις. Texte en grec ancien. Une traduction en français par Nicolas Halma : Claude Ptolémée, 1813 et 1816. Composition mathématique, deux volumes, J. Hermann, Paris. Les deux tomes en édition bilingue français et grec ancien sont disponibles en ligne.

La chute des corps : Galilée tombe à pic !

Galileo GALILEI
Portrait de Galileo Galilei par Giusto Sustermans en 1636 – image du domaine public via Wikimedia Common.

Il en a déjà été question par deux fois vu d’ici, les travaux de Nicolas Copernic (1473 – 1543), Giordano Bruno (1548 – 1600), Johannes Kepler (1571 – 1630) et de Galilée (1564 – 1642), lesquels ont été précédés par Nicole Oresme (vers 1320-1322 – 1382), ont intégralement remis en cause le modèle aristotélicien. Dans cette remise en cause, Galilée ne s’est pas limité aux seules observations astronomiques. Il s’est attaqué à plusieurs autres sujets fondamentaux, parmi lesquels un qui a une grande influence sur mes domaines de recherche : la chute des corps.

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Scilabus : le blog de Viviane Lalande

Viviane Lalande
Viviane Lalande, auteure du site Scilabus – crédit photo : Éric Myre.

Scilabus est un site de vulgarisation scientifique, qui allie textes et vidéos. Ce site a été initié et est tenu par Viviane Lalande, qui reçoit de l’aide de sa sœur Marianne Lalande et de Renaud Manuguerra. Sa ligne éditorial est de prendre des situations de la vie quotidienne – par exemple, vaut-il mieux marcher ou courir sous la pluie, quelle est la meilleure façon de partager la place dans un four micro-onde ? – pour les explorer scientifiquement. Cela lui permet de vulgariser les démarches expérimentales et ceci de manière très pédagogique.

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Guillaume avait un bon rasoir !

Guillaume d’Ockham
Guillaume d’Ockham d’après le manuscrit Summa Logicae (Guillaume d’Ockham, 1323) – image du domaine public via Wikimedia Commons.

Le principe de parcimonie – parfois appelé rasoir d’Ockham d’après le moine franciscain anglais Guillaume d’Ockham (vers 1285 – 1347), précurseur en logique – est un principe commun à la philosophie et aux sciences. Il a, en fait, été énoncé bien avant, l’occurrence la plus ancienne que j’ai pu trouver étant dû à Aristote1Ἀριστοτέλης, Φυσικὴ ἀκρόασις. Disponible en ligne. Une traduction en français par Pierre Pellegrin : Aristote, 1999. Physique, Flammarion. Disponible en ligne. (384 – 322 avant J.-C.), lui-même le faisant remonter à Empédocle (vers 490 – vers 435 avant J.-C.). Cependant, Proclus (412 après J.-C. – 485) le fait remonter à Pythagore (vers 580 – vers 495 avant J.-C.)2La seule version que je connais de l’ouvrage en question est cette édition allemande, qui semble faire référence : Manitius, C. (éditeur et traducteur), 1909. Procli Diadochi hypotyposis astronomicarum positionum (Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana), Teubner, Leipzig. Réimpression en 1974 : Teubner, Stuttgart..

Ce principe n’est pas toujours bien compris, il est parfois utilisé d’une manière dénotant d’une méprise sur ce qu’il signifie véritablement. Je vous propose dans un premier temps de voir un rapide historique de ce principe, avant de commenter ce qu’il signifie. Cet article s’inscrit donc dans la suite de la série sur l’histoire des sciences et de vulgarisation que j’ai entamée vu d’ici.

Non, je n’ai pas encore précisé ce que spécifie ce principe. Ceci est un procédé à peine honnête qui a pour but de créer un suspens à la limite du soutenable, afin de vous rendre captif de ma prose et faire en sorte que vous alliez au bout de cet article. Cependant, ne vous inquiétez pas : l’explication arrive dans quelques lignes !

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Notes

Notes
1 Ἀριστοτέλης, Φυσικὴ ἀκρόασις. Disponible en ligne. Une traduction en français par Pierre Pellegrin : Aristote, 1999. Physique, Flammarion. Disponible en ligne.
2 La seule version que je connais de l’ouvrage en question est cette édition allemande, qui semble faire référence : Manitius, C. (éditeur et traducteur), 1909. Procli Diadochi hypotyposis astronomicarum positionum (Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana), Teubner, Leipzig. Réimpression en 1974 : Teubner, Stuttgart.

Luminesciences : le blog de Jean-Pierre Luminet

Jean-Pierre Luminet
© Jean-Pierre Luminet.

Jean-Pierre Luminet est l’auteur du blog Luminesciences. Pas seulement : il est aussi astrophysicien, directeur de recherche du CNRS au Laboratoire d’astrophysique de Marseille, ainsi qu’au Laboratoire Univers et théories. Pas seulement : il a aussi des activités de vulgarisation et culturelles. De tout cela, il est question sur son blog.

Parmi ses travaux notables, il est l’un des pionniers des représentations réalistes des trous noirs. Dès 19791Jean-Pierre Luminet, 1979. Image of a Spherical Black Hole with Thin Accretion Disk, Astronomy and Astrophysics, n° 75, pp. 228 – 235. Disponible en ligne., il en a proposé une plus réaliste et précise que celle présentée dans Interstellar2Christopher Nolan, 2014. Interstellar, Syncopy Films et Lynda Obst Productions.. Il a également travaillé sur la forme – en fait, la topologie – de l’Univers, ce qui l’a conduit à introduire la notion d’univers chiffonné3Jean-Pierre Luminet, 2001. L’Univers chiffonné, Fayard, Paris. Édition revue et augmentée en 2004..

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Notes

Notes
1 Jean-Pierre Luminet, 1979. Image of a Spherical Black Hole with Thin Accretion Disk, Astronomy and Astrophysics, n° 75, pp. 228 – 235. Disponible en ligne.
2 Christopher Nolan, 2014. Interstellar, Syncopy Films et Lynda Obst Productions.
3 Jean-Pierre Luminet, 2001. L’Univers chiffonné, Fayard, Paris. Édition revue et augmentée en 2004.

Un éloge du temps long

Un exemple de simulation d’une expérience du LHC
Un exemple de simulation d’une expérience du LHC – © 1997 – 2015 CERN sous contrat CC-BY-SA-4.0.

Le 4 juillet 2012, les expériences Atlas et CMS du Grand collisionneur de hadron (LHC) ont annoncé avoir identifié le boson BEH. Cela conduira à l’attribution du prix Nobel de physique 2013 à François Englert et Peter Higgs. Au moment où j’écris ces lignes, les expériences du LHC continuent, tandis qu’il monte dans les niveaux d’énergie. Le 6 août 2014, la sonde Rosetta rejoint la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, notamment pour y déposer un module appelé Philae. Cette mission est à l’heure actuelle toujours en cours.

Quel est le point commun entre une expérience de physique des particules et une mission scientifique spatiale ? Elles s’inscrivent toutes les deux dans une longue durée : les premiers articles théorisant le boson BEH ont été publié en 19641François Englert et Robert Brout, 1964. « Broken symmetry and the mass of gauge vector mesons », Physical Review Letters, vol. 13, n° 9,‎ pp. 321 – 323. DOI : 10.1103/PhysRevLett.13.321, consultable en ligne.2Peter W. Higgs, 1964. « Broken symmetries and the masses of gauge bosons », Physical Review Letters, vol. 13, n° 16,‎ pp. 508 – 509. DOI : 10.1103/PhysRevLett.13.508, consultable en ligne. et la conception du LHC a débuté en 1994. Les prémices de la mission Rosetta, quant à elles, remontent à 1984 avec la validation du projet Horizon 2000.

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Notes

Notes
1 François Englert et Robert Brout, 1964. « Broken symmetry and the mass of gauge vector mesons », Physical Review Letters, vol. 13, n° 9,‎ pp. 321 – 323. DOI : 10.1103/PhysRevLett.13.321, consultable en ligne.
2 Peter W. Higgs, 1964. « Broken symmetries and the masses of gauge bosons », Physical Review Letters, vol. 13, n° 16,‎ pp. 508 – 509. DOI : 10.1103/PhysRevLett.13.508, consultable en ligne.

Le Loup pourrait-il être un homme pour l’Homme (et réciproquement) ?

Loups gris communs
Loups gris communs au zoo de Worms (Allemagne) – par 4028mdk09, sous contrat CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

Si l’élevage et l’agriculture ont en définitive permis l’accroissement de l’espérance de vie de l’espèce humaine, dans un premier temps (c’est-à-dire tout de même au court des premières centaines d’années d’expérimentations) ces pratiques pouvaient au contraire sembler néfastes : l’agriculture et l’élevage sédentaires induisaient un rythme de vie plus fatiguant que celui du chasseur-cueilleur et la proximité des cultures et des élevages favorisait l’émergence et la propagation de maladies. Une question se pose alors : comment se fait-il que nos ancêtres se sont entêtés dans cette voie ?

Dans le numéro 498 de la revue La Recherche, datée d’avril 2015, Pierre Jouventin, ancien directeur de recherche en éthologie au CNRS, propose une hypothèse intéressante qui, de manière un peu indirecte, pourrait bien donner une explication à cette énigme1Pierre Jouventin, 2015. « L’Évolution de l’homme sur la piste du loup », La Recherche, 498, pp. 60 – 65..

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Notes

Notes
1 Pierre Jouventin, 2015. « L’Évolution de l’homme sur la piste du loup », La Recherche, 498, pp. 60 – 65.