Comment Microsoft n’a pas négocié le contrat du siècle

Paul ALLEN et Bill GATES en 1970 assis devant un terminal de Teletype Model 33 ASR à Lakeside School.
Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School – photo du domaine public par Bruce Burgess via Wikimedia Commons.

L’association MO5.com, dont je suis membre, a pour objet d’assurer la préservation du patrimoine informatique. Dans le cadre de cette activité, nous documentons également l’histoire de l’informatique. Dans cette histoire, on entend régulièrement parler du contrat que Microsoft a négocié avec IBM au tout début des années 1980, qui lui aurait permis de devenir le géant qu’il est aujourd’hui, aux dépens de son ancien partenaire.

Or donc, d’expliquer que Bill Gates, en bon joueur de poker et fin négociateur, a réussi à négocier le contrat du siècle, celui qui permettra à Microsoft de devenir la référence du monde des ordinateurs personnels au détriment d’IBM. Cela fait partie de sa légende, laquelle, il semble bien, ne le dérange pas.

Cependant, si l’on consulte les documents d’époque, les éléments dont on dispose racontent une histoire très différente. Ces documents dressent bien plutôt le portrait d’une série de concours de circonstances que d’une négociation habile d’un jeune dirigeant d’une startup aux abois… Laissez-moi vous raconter comment Microsoft n’a pas négocié ce qui deviendra le contrat du siècle.

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Copernic a-t-il réellement fait la révolution (scientifique) ?

Nicolas Copernic
Portrait de Nicolas Copernic, exposé au musée de Toruń – image du domaine public, via Wikimedia Commons.

Dans ce journal comme ailleurs, vous avez sans doute déjà rencontré l’expression « révolution copernicienne ». Elle met en avant le fait que Nicolas Copernic (1473 – 1543) a provoqué un changement de perspective majeur en montrant qu’il était plus pertinent de considérer que c’est bien la Terre qui tourne autour du Soleil plutôt que l’inverse. À ce premier bouleversement font écho les travaux de Galilée (1564 – 1642), lesquels – justement en se basant, entre autre, sur ceux de Copernic – ont définitivement montré que le système de Claude Ptolémée (vers 90 après J.-C. – vers 168) publié dans l’Almageste1Κλαύδιος Πτολεμαῖος, vers 150 après J.-C. Μαθηματική σύνταξις. Texte en grec ancien. Une traduction en français par Nicolas Halma : Claude Ptolémée, 1813 et 1816. Composition mathématique, deux volumes, J. Hermann, Paris. Les deux tomes en édition bilingue français et grec ancien sont disponibles en ligne. – selon lequel, en accord avec la physique aristotélicienne, la Terre était immobile au centre du Monde – était erroné.

De ceci, j’ai déjà parlé, vu d’ici. Comme je l’ai déjà indiqué, tous les deux ont été précédés par les travaux de Nicole Oresme (vers 1320 ou 1322 – 1382) et Galilée s’est également appuyé sur ceux de Johannes Kepler (1571 – 1630), entre autres. J’ai donc sciemment utilisé cette même expression de « révolution copernicienne » ou encore « révolution épistémologique ». Avec l’objectif de poser la question que je vous propose d’aborder dans cet article : cette expression est largement répandue, fort bien. Cependant, est-il vraiment pertinent de parler de révolution ? Le but étant également de vous inviter, ô ! estimés lecteurs, à faire un examen critique de ce que je peux écrire ici.

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Notes

Notes
1 Κλαύδιος Πτολεμαῖος, vers 150 après J.-C. Μαθηματική σύνταξις. Texte en grec ancien. Une traduction en français par Nicolas Halma : Claude Ptolémée, 1813 et 1816. Composition mathématique, deux volumes, J. Hermann, Paris. Les deux tomes en édition bilingue français et grec ancien sont disponibles en ligne.

La chute des corps : Galilée tombe à pic !

Galileo GALILEI
Portrait de Galileo Galilei par Giusto Sustermans en 1636 – image du domaine public via Wikimedia Common.

Il en a déjà été question par deux fois vu d’ici, les travaux de Nicolas Copernic (1473 – 1543), Giordano Bruno (1548 – 1600), Johannes Kepler (1571 – 1630) et de Galilée (1564 – 1642), lesquels ont été précédés par Nicole Oresme (vers 1320-1322 – 1382), ont intégralement remis en cause le modèle aristotélicien. Dans cette remise en cause, Galilée ne s’est pas limité aux seules observations astronomiques. Il s’est attaqué à plusieurs autres sujets fondamentaux, parmi lesquels un qui a une grande influence sur mes domaines de recherche : la chute des corps.

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Guillaume avait un bon rasoir !

Guillaume d’Ockham
Guillaume d’Ockham d’après le manuscrit Summa Logicae (Guillaume d’Ockham, 1323) – image du domaine public via Wikimedia Commons.

Le principe de parcimonie – parfois appelé rasoir d’Ockham d’après le moine franciscain anglais Guillaume d’Ockham (vers 1285 – 1347), précurseur en logique – est un principe commun à la philosophie et aux sciences. Il a, en fait, été énoncé bien avant, l’occurrence la plus ancienne que j’ai pu trouver étant dû à Aristote1Ἀριστοτέλης, Φυσικὴ ἀκρόασις. Disponible en ligne. Une traduction en français par Pierre Pellegrin : Aristote, 1999. Physique, Flammarion. Disponible en ligne. (384 – 322 avant J.-C.), lui-même le faisant remonter à Empédocle (vers 490 – vers 435 avant J.-C.). Cependant, Proclus (412 après J.-C. – 485) le fait remonter à Pythagore (vers 580 – vers 495 avant J.-C.)2La seule version que je connais de l’ouvrage en question est cette édition allemande, qui semble faire référence : Manitius, C. (éditeur et traducteur), 1909. Procli Diadochi hypotyposis astronomicarum positionum (Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana), Teubner, Leipzig. Réimpression en 1974 : Teubner, Stuttgart..

Ce principe n’est pas toujours bien compris, il est parfois utilisé d’une manière dénotant d’une méprise sur ce qu’il signifie véritablement. Je vous propose dans un premier temps de voir un rapide historique de ce principe, avant de commenter ce qu’il signifie. Cet article s’inscrit donc dans la suite de la série sur l’histoire des sciences et de vulgarisation que j’ai entamée vu d’ici.

Non, je n’ai pas encore précisé ce que spécifie ce principe. Ceci est un procédé à peine honnête qui a pour but de créer un suspens à la limite du soutenable, afin de vous rendre captif de ma prose et faire en sorte que vous alliez au bout de cet article. Cependant, ne vous inquiétez pas : l’explication arrive dans quelques lignes !

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Notes

Notes
1 Ἀριστοτέλης, Φυσικὴ ἀκρόασις. Disponible en ligne. Une traduction en français par Pierre Pellegrin : Aristote, 1999. Physique, Flammarion. Disponible en ligne.
2 La seule version que je connais de l’ouvrage en question est cette édition allemande, qui semble faire référence : Manitius, C. (éditeur et traducteur), 1909. Procli Diadochi hypotyposis astronomicarum positionum (Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana), Teubner, Leipzig. Réimpression en 1974 : Teubner, Stuttgart.

Vu du grenier : le space opera, première partie

À l’époque de Chasseurs de rêves, parmi mon travail de rédacteur, j’avais en charge les panoramas des sujets traités : je recherchais et présentais les œuvres procédant de ce sujet. J’essayais de présenter aussi bien les œuvres les plus marquantes que des trouvailles peu connues. Je dois le reconnaître : j’aimais bien réaliser ces panoramas, cela me faisait farfouiller chez les bouquinistes, les médiathèques et trouver de quoi surprendre les lecteurs. D’ailleurs, cela me manque un peu.

Je me suis donc décidé de lancer cette série, Vu du grenier, qui explorera les liens entre les cultures de l’imaginaire et les cultures classique et d’avant-garde. Cela me permettra aussi de faire le lien entre science et les autres formes culturelles. Pour commencer, j’ai choisi un sujet qui me permet de revenir aux origines de la science-fiction : le space opera. Comme je dois présenter des œuvres de médias divers, il m’a semblé que le plus pertinent et le plus attrayant est de le faire en vidéo. L’accessibilité du web étant essentiel à mes yeux, pour les mal-voyants, j’ai essayé de faire en sorte que l’audio permette de suivre l’essentiel. Pour les mal-entendants, des sous-titres sont disponibles.

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Tout est relatif, mon cher Bruno !

Giordano Bruno
Portrait de Giordano Bruno (xixe siècle, d’après une gravure publiée dans le Livre du recteur, 1578) – image du domaine public via Wikimedia Commons.

Si l’on doit bien à Albert Einstein (1879 – 1955) la théorie de relativité restreinte1Albert Einstein, 1905. « Zur Elektrodynamik bewegter Körper », Annalen der Physik, n° 17, pp. 891 – 921. Consultable en ligne. Version française disponible en ligne. ainsi que celle de la relativité générale2Albert Einstein, 1916. « Die Grundlage der allgemeinen Relativitätstheorie », Annalen der Physik, n° 49, pp. 769 – 822. Consultable en ligne. Maurice Solovine en a réalisé une traduction française dans : Albert Einstein, 1933. Les Fondements de la théorie de la relativité générale, suivi de : Théorie unitaire de la gravitation et de l’électricité, suivi de : Sur la Structure cosmologique de l’espace, Hermann et compagnie., le principe de relativité a été introduit en physique bien avant. On parle de relativité galiléenne et son instigateur est… Giordano Bruno (1548 – 1600). Il y avait un piège !

Bien entendu, si l’on qualifie cette première forme de relativité physique de « galiléenne », c’est bien parce que Galilée a joué quelque rôle dans sa formulation. L’introduction de ce principe est un des principaux éléments de la révolution épistémologique à laquelle j’avais fait allusion précédemment. Le présent article se place donc dans la suite de la série sur l’histoire des sciences que j’ai entamée. Il me permettra également, une fois de plus, d’introduire quelques notions qui seront utiles pour les futurs articles de vulgarisations à venir.

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Notes

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1 Albert Einstein, 1905. « Zur Elektrodynamik bewegter Körper », Annalen der Physik, n° 17, pp. 891 – 921. Consultable en ligne. Version française disponible en ligne.
2 Albert Einstein, 1916. « Die Grundlage der allgemeinen Relativitätstheorie », Annalen der Physik, n° 49, pp. 769 – 822. Consultable en ligne. Maurice Solovine en a réalisé une traduction française dans : Albert Einstein, 1933. Les Fondements de la théorie de la relativité générale, suivi de : Théorie unitaire de la gravitation et de l’électricité, suivi de : Sur la Structure cosmologique de l’espace, Hermann et compagnie.

Comment j’ai prolongé les travaux de Galilée !

Grande marée à Wimereux
Grande marée à Wimereux (département du Pas-de-Calais, France) – photo de Marc Ryckaert sous contrat CC BY 3.0 via Wikimedia Commons.

Je l’ai déjà mentionné : il serait tout de même temps que je présente les sujets auxquels je m’intéresse dans mes travaux. Comme j’ai pu l’indiquer à la page d’accueil de ce site et comme on peut le déduire à partir de mon CV, mes domaines de compétences sont les mathématiques appliquées et l’informatique théorique. Mon champ d’application est l’océanographie physique. Concrètement, je reproduis sur ordinateur le fonctionnement des océans.

Cependant, l’étude de la dynamique des océans, même si elle constitue une discipline toujours en évolution, a une longue histoire. Les éléments les plus anciens que j’ai pu relever remontent à l’antiquité et le premier sujet de dynamique océanique étudié y est la marée. Je me propose de vous présenter cette histoire ici. Une grande part des informations que vous trouverez ici provient de La Marée océanique côtière de Bernard Simon1Bernard Simon, 2007. La Marée océanique côtière, collection « Synthèses », Institut océanographique éditeur.. Le texte qui suit constitue en la reprise d’une partie de l’introduction de ma thèse de doctorat2Yoann Le Bars, 2010. Modélisation de la dynamique océanique barotrope dans l’estuaire et le plateau amazoniens, thèse de doctorat, Université de Toulouse III – Paul Sabatier.. Cette thèse portait sur la mise au point d’un modèle d’océan et son application à l’estuaire de l’Amazone, je ne prétends donc pas avoir réalisé une étude historique définitive : ce qui suit constitue un résumé, certes détaillé, mais avec toutes les limites de cet exercice.

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Notes

Notes
1 Bernard Simon, 2007. La Marée océanique côtière, collection « Synthèses », Institut océanographique éditeur.
2 Yoann Le Bars, 2010. Modélisation de la dynamique océanique barotrope dans l’estuaire et le plateau amazoniens, thèse de doctorat, Université de Toulouse III – Paul Sabatier.